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Killeuse de Space
6 juin 2014

RADIOACTIVITY

taxi-pieton-fr

« Ne vous inquiétez pas tout va bien se passer ». J’ai tout de même opté pour doliprane et Tramadol histoire de contrer les effets promis la veille par la Folcoche de service. Là, la spécialiste en chef des appareils de radio est une jolie blonde aux dents blanches qui sourit tout le temps. Elle me tient gentiment par le coude pour que je me hisse sur la table de l’appareil de radio. Elle m’aide à me placer comme il faut, les cales sous les genoux, ajuste la poignée pour les bras. Grrr, l’appareil se met en route et commence à projeter sur mon buste les premiers rayons verts. Ils sont trois autour de moi, un mec ne faisant pas semblant d’en être un à ma droite, la brune qui s’était occupée de moi le 6 mai à ma gauche, et cette très jolie blonde, toujours aussi avenante et sympa, chargée de superviser les marquages et le placement sous l’appareil au bout de mes pieds. « Cela va durer un petit moment parce nous faisons les paramètres définitifs et c’est très important que vous ne bougiez pas. Dites nous dès que vous n’en pouvez plus, on verra ce qu’on peut faire ». Son regard concentré oscille continuellement entre l’écran suspendu dans le coin de la pièce et mon buste. Elle dirige les manipulations de ses deux collègues, « un peu plus haut…oui…c’est bon », vérifie la position des rayons verts avec une réglette glaciale sur mon sternum, « respirez moins fort s’il vous plait » reprend les mesures, annote, reprend le contrôle de l’écran où je distingue une succession de chiffres tremblotants organisés dans un tableur. Je commence à comprendre le pourquoi de toutes ces manipulations, du placement exact sur la machine au traçage des zones de rayonnement. Chacun de leur côté, Monsieur Mec et Madame Brune reprennent à grands coups de pinceaux feutres les marques de la veille. En louchant sans bouger le menton, je constate le boulot qui est en train de prendre forme. C’est pile poil ce que m’avait schématisé la radiothérapeute avec du bleu, du rouge et du vert. Les pointillés rouge délimitent un grand carré sur toute la partie supérieure droite et deux autres à l’intérieur de ce périmètre, plus petits avec une croix au milieu, des étoiles vertes définissent l’axe médian sous chacune des aisselles, un trait continu bleu redessine le sternum de haut en bas. J’ai enfin le droit de reposer bras et fesses, mais c’est pour mieux poursuivre, sous la machine, pour les dernières vérifications « in situ », après le passage express de ma radiothérapeute préférée. « Parfait ». Monsieur Mec vient me dire que ça y’est on démarre les rayons. Il vérifie la première position « vous ne bougez pas, vous respirez normalement, ça ne dure pas longtemps ». Je l’entends qui s’éloigne, me retiens de sursauter au premier ronronnement de la machine, bzz, le tube qui était au dessus de ma tête se déplace sur la droite jusqu’à ce que je le perde des yeux. Petite sonnerie, clac clac, lonnnnnnngue sonnerie, il y a maintenant un bruit de moulin à café en plus léger. Clac. Madame Brune est là au dessus de ma tête. Elle me félicite d’être toujours bien positionnée. « Allez on y va ». Le tube est maintenant en haut de mon buste puis la petite sonnerie, clac clac, la longue sonnerie, le moulin à café qui tourne… « Allez la dernière ! ». Pas eu le temps de respirer que le tube se déplace en oblique orienté vers la trachée. Cela dure un chouia de plus que les deux autres. « Voilà c’est fini… juste le temps de vous faire des micro tatouages ». Je ne sens rien du tout comme je n’ai rien perçu des rayons administrés. Demain c’est relâche pour maintenance de la machine. A Jeudi.

Jeudi, taxi est en retard et ça me gonfle assurément. Bon j’ai bien capté que les horaires non modifiables de fin d’après midi ne les arrangent pas. J’ai pris mes précautions et arrive tout de même pile quand il faut. J’ai droit exceptionnellement à un autre appareil que Jupiter, il y’en a deux, aujourd’hui je suis chez Saturne. Monsieur Mec vient me chercher. Cagibi pour se déshabiller. J’attends. Personne. Alors je frappe gentiment à la porte qui ne s’ouvre que de l’autre côté. Je manque de me la prendre par la tronche et c’est Folcoche aussi rose cramoisie que son gilet de chef de reine des possédées par la mauvaise humeur qui me balance « Puisqu’on vous dit qu’il faut attendre ». Merde j’ai oublié de prendre mes bonbons de « du-calme-tout-va-bien-trèstrès-bien-on-ventile». Autant dire que cette deuxième séance de radio s’est déroulée de manière branchée sur 15000 volts, rythmée par les saccades de mots, pas et gestes de Missise « je-ne-sais-pas-ce-que-c’est-de-respirer-normalement ». Et bien sûr ça a été nettement plus long, à croire qu’elle le fait exprès. Quand je dis plus long, c’est qu’avec elle, le entre deux prises dure des minutes qui s’étirent à n’en plus finir. Ouf, contente de partir, vite vite vite. Je me tâte. Je ne sens toujours rien à part les courbatures bras et fesses. Sisi, j’ai les fesses qui courbaturent.

Vendredi. J’ai pris soin de prévenir les taxis que navrée on ne peut modifier mes horaires de fin d’après-midi. Je me suis entendue avec le standardiste de service, en l’occurrence un de mes anciens stagiaires qui m’apprécie beaucoup et qui est désolé de me savoir ainsi malade, ce qui facilite la conciliation de part et d’autre. Histoire de n’embêter personne, je consens à ce qu’on vienne me chercher une heure en avance (hors des horaires de pointe) et pour le retour j’ai déjà prévu un gros bouquin pour patienter. Donc à priori tout va bien.

15 mn que j’arpente le trottoir du bas de chez moi, avec le bitume qui commence à coller à mes godasses tellement il fait chaud. J’appelle le service des taxis. « Heu…ouioui, je vous en envoie un »….30 mn, je ruissèle, la rue pue en refluant les émanations d’une circulation de plus en plus dense. Je rappelle le standard « Oui madame, j’ai lancé les appels… je ne peux rien faire de plus…. ». Pas la peine de supplier ou de rougner, suis coincée à attendre. Mais attendre quoi ? Combien ? etc… 45 mn …j’appelle le service de radio « Désolée… mais mon taxi ne vient pas me chercher… » Je dois avoir la voix qui tremble. La secrétaire intègre tout de suite le malaise en disant que c’est une habitude avec cette compagnie de taxis qui a le monopole sur la ville. Et la voilà qui se démène pour m’en trouver un autre au prix de plusieurs appels tandis qu’elle me maintient en stéréo « pour que vous vous tranquillisiez ». Je visionne, la gorge nouée, les retrouvailles avec Folcoche ! Chance c’est Miss Blonde tout sourire qui vient à ma rencontre. « Merci ! » me lance-t-elle toute joyeuse, « grâce à vous j’ai pu me faire une tranche de tennis ». Mon nouveau chauffeur de taxi discute ferme du planning avec le secrétariat. « Ne vous inquiétez pas, on va se débrouiller et vous aurez toujours quelqu’un quand il faut ». Il est 18h00, c’est vendredi veille de grand week end, il fait une chaleur d’enfer, et ils sont quatre à prendre encore du temps par delà leurs horaires de travail pour débloquer la situation pour la semaine prochaine. Avec eux, je rebranche « Bouteille à moitié pleine » et c’est bon de chez savoureux. J’en ai même bisouillé Monsieur Taxi quand il m’a déposé en bas de mes escaliers tout gonflé de satisfaction d’avoir fait une bonne action.

Humm mm délectable à souhait, finalement, que cette fin de semaine, tout comme le week end qui s’annonce. Trois jours rien que pour mon Homme DOM et moi avec un concert de Pat Metheny samedi soir, mon anniversaire dimanche et lundi pour faire rien que ce que l’on veut.

Youppie tralalalère, jamais j’aurai imaginé que franchir le cap d’une année de plus, avec mon homme d’amour et de vie, toujours tellement là ce grand homme, me transporte autant. Tagadaboumboum tsointsoin mais que la vie est belle en ce mois de juin.

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