Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Killeuse de Space
16 février 2014

Séquence âmes hypocondriaques s'abstenir ou 5ème chimio pas rigolo

feu

Donc Chimio 5 est arrivée très vite. Juste le temps d’aller voir mon homéopathe pour préparer l’attaque de TAXOTERE et hop je me suis retrouvée dans le cabinet de la bonne fée des potions que je n’avais pas vue depuis l’an dernier. Et encore il a fallu que je montre gentiment les dents sinon j’aurais eu droit à l’interne de service. Du coup je suis passée devant trois personnes qui patientaient avant moi ce qui, je l’avoue, m’a d’un coup d’un seul requinqué mon humeur. Bon la bonne fée des potions est comme d’hab, d’une sobriété de mots et gestes qui là me gonfle un chouia. Tic tic tic sur son clavier, des questions de vérifications, re tic tic tic, des explications à la pelle pour que j’intègre ce qui m’attend, des prescriptions nouvelles pour contrer de nouveaux effets. Mais promis juré, en général ça se passe bien. Un RV pour contrôler que le cœur tient la route à faire avant la prochaine dans 15 jours, et hop à bientôt.

Taxotere ce n’est qu’une heure de perf. Ce matin il y’a un monde pas croyable, tant et si bien que les deux Belphegor de faction semblent ne pas en venir à bout. Il faut les voir comment elles sautent, montées sur ressorts, pour répondre au moindre bip bip de tel fauteuil, répétant leurs gestes d’aseptie de manière automatique sans que leur regards ne dépassent de leurs masques. Donc là tu poireautes sans rien dire, en utilisant l’armada ludique que tu trimballes dans ton grand sac, et comme ce jour ci j’ai droit au fauteuil n° 15 face à la fenêtre (à croire que je deviens une privilégiée), j’ai de quoi dériver mes mirettes de mes collègues de fauteuil que j’observe à la dérobée, pour m’amuser des rais de soleil qui zèbrent un mur tout gris, bien moche. Belphégor arrive à moi au bout d’un temps infini, les questions d’usage sont frénitiquement consignées sur son classeur, et pic pic dans PAC… ca va très vite…j’ai dormi tout le long.

Taxi du retour est toujours le même et l’écharpe en cachemire offerte par mon fils préféré est le meilleur bouclier. Bouh, je veux plus ce chauffeur qui pue !

Je suis tout de même beaucoup plus en forme que les dernières fois. Et j’ai faim ! Incroyable. Je me concocte vite fait sur le gaz une plâtrée de pâtes quinoa basilic, délicieuse, que j’avale goulument. Et avec DOM d’Homme on se fait notre petit resto du samedi entrée-plat-dessert comme si de rien n’était. Marvelous !

Sauf que … sauf que Dimanche, dès le matin, j’ai les mains qui se contractent en fourmillements intempestifs, ces mains qui ne supportent plus du tout l’eau chaude de la douche. Ca brûle tout d’un coup et elles sont toutes boursoufflées. J’ai aussi la sensation d’être passée par la machine à bosseler et mes jambes ne me portent plus. Les antalgiques à hautes doses me plongent dans un sommeil comateux dont la douleur brûlante des mains m’extrait en sursaut. Le soir ce sont les pieds qui flambent, pas forcément de la même manière, mais j’ai du mal à supporter le sol sous mes talons. Ce sera ainsi tous les jours de la semaine sans relâche ni amélioration : antalgiques-pommades-dodo, antalgiques-dodo-pommades. Je vais voir mon doc dès le lundi matin qui me prescrit une analyse de sang. Rien que d’aller à pied au labo, j’ai les dits pieds en feu, et je suis tellement vannée que j’en vomis. Les résultats des analyses sont pourtant corrects, enfin rien d’alarmant dans mon tableau de chimiotée. Il faut donc que je prenne mon mal en patience. Rien n’y fait. Je plonge autant que possible les mains et les pieds dans l’eau froide, mais sitôt retirés, les brûlures reprennent de plus belle. J’avale les médocs toutes les 6 heures lesquels, s’ils m’assomment, n’atténuent que trop peu de temps mes douleurs. Je ne peux pas répondre au téléphone ni répondre aux textos car mon smartphone ne reconnait plus mes doigts ! Je retourne voir Doc Doc pour lui dire que je veux tout arrêter, ou qu’il me dise comment et quoi négocier avec l’onco que je vois le jeudi. Il fait une lettre. Point.

Autant dire que quand j’ai retrouvé la « Bonne Fée » des potions, je la considère plutôt comme une sale sorcière toute moche et forcément bourrée de méchantes intentions.

Cette sorcière là est consternée quand elle voit l’état de mes mains qui pèlent comme un oignon. La peau se barre en couches épaisses des ongles à la jointure du poignet, dessus comme dessous. Les pieds, c’est différent. Ils sont tout congestionnés, rouge carmin, super douloureux au bout des ongles, et même dessus, et aux talons perforés de profondes crevasses, ce qui me donne une démarche de canard désarticulé. « Et pourquoi vous n’avez pas téléphoné ? » « -ben heu j’ai bien harcelé mon doc.. ». Appel illico au doc en question qui se fait gentiment engueuler. Je sais pas si je vais retourner le voir après le savon doucereux qu’elle lui a passé. Mais je suis fort aise d’être ainsi considérée par ma bonne fée des potions.

On arrête tout. Ben oui, fini le TAXOTERE de la mort qui tue. On le remplace par son cousin, TAXOL, en doses hebdomadaires, doses plus light et donc bien mieux tolérées. « Ah bon, et pourquoi on l’a pas mis tout de suite en place ? » « Heu et bien… » qu’elle répond la bonne fée, « … c’est, comment vous dire, c’est un produit américain, vous comprenez, et les doses hebdomadaires sont plus contraignantes ». Ouais, ma bonne fée, je comprends que si tu me garantis que plus jamais j’aurais les mains et les pieds branchées en permanence sur un tas de braise, je suis capable de venir deux fois par jour remettre des offrandes au drapeau de l’Union Jack. Bingo ! Tic tic tic sur son clavier, l’imprimante qui grésille et j’ai le nouveau protocole en main, TAXOL x 9, à raison d’une fois par semaine. Ca repousse la fin de la Chimio d’un mois, mais bon, garantie sur protocole, sans les effets de la précédente.

Et comble de bonheur, j’ai une semaine de répit. Trop cooool.

De quoi honorer la Saint Valentin avec DOM d’Homme, ce qui n'était pas vraiment prévu. DOM d’Homme qui en a bien bavé, avec une femme planquée dans son canapé 7 jours non stop, sans desserrer les dents, juste pour esquisser une grimace de sourire de quelqu’un qu’on envoyait à l’échafaud. 

Publicité
Publicité
Commentaires
N
Bonjour Marie, pas de blablas c'est pas mon truc. Juste te dire que je lis et relis ton blog, et bravo! Tes mots si justes...Juste te dire que je pense souvent à toi mais je sais combien le téléphone peut sonner et combien parfois on peut en avoir assez de répondre. je t'embrasse fort en tout cas et t'envoies un plein d'énergies positives. Nathalie Epinard
M
Je suis tellement contente que tu sois capable de garder ton style pourfendeur pour parler de tes misères, j'avais peur que ton moral en ait pris un tel coup que tu l'aies perdu !<br /> <br /> merci ma minette d'être aussi solide et bien droit dans tes bottes, maintenant que tu peux remettre les pieds par terre ! ton crabe de m..... n'a qu'à bien se tenir !<br /> <br /> Maman
Publicité
Newsletter
8 abonnés
Catégories
Visiteurs
Depuis la création 2 442
Archives
Publicité