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Killeuse de Space
8 juin 2014

Vous reprendrez bien une petite pastille

pastilles de vichy

Tout le monde raffole des pastilles de Vichy… Sauf moi. J’en ramène de mes séjours un stock composé de jolies boites en fer, de toutes tailles, et de toutes les déclinaisons existantes du caractéristique imprimé. La boite fait autant plaisir que le contenant. Je les empile comme un butin sur l’étagère de la cuisine, avant de les offrir de ci de là. C’est ma façon à moi de remercier pudiquement tous ceux qui m’entourent, de mes irremplaçables collègues de boulot tellement fidèles aux nombreuses personnes qui d’un geste ou d’une attention savent soulager mon quotidien. La secrétaire de la radiothérapie en était toute cramoisie de ce petit cadeau de Vichy.

Vichy c’est vachement bien, par delà ses bonbons surannés au goût de médicament. Bon c’est sûr, il ne faut pas craindre la catégorie troisième âge et + que tu ne peux éviter de croiser, étant considéré que 3ème âge et + est à Vichy dans sa ville, taillée sur mesure pour entretenir sa forme, sa mise et ses sorties. Car 3ème et + se porte plutôt bien, se tenant droit sur sa canne et ses guiboles, en déambulant avec ostentation comme si chaque jour est fête. Que ce soit pour les courses matinales à Monop’ qui veut se donner des allures de Fauchon, l’apéro de 11h00 aux quatres chemins, le thé dans les parcs du casino avec chantilly à la glace après la conférence de visages et réalités du monde, ou encore « chance ! » les sorties nocturnes à la faveur d’un tiercé, d’un concert en plein air, Monsieur et Madame arbore des toilettes très très étudiées, assorties de bijoux qu’on veut croire précieux. Les regarder papillonner gentiment peut même te susurrer que vieillir n’est pas si terrible que ça.

Vichy a tout d’une grande dans un écrin assez riquiqui. L’écrin est aquatique et verdoyant avec la rivière Allier maîtrisée qui délimite la ville au Sud, vaste plan d’’eau jalonné de parcs aux arbres foisonnant depuis des siècles d’un côté, tandis que de l’autre, c’est une succession d’équipements sportifs dignes de compétitions olympiques. A Vichy on fait du sport de 7 à 77 ans. Donc, Vichy a aussi sa population de– de 77 ans que l’on retrouve plus volontiers le soir au quartier de la gare spectaculairement rénové. Les bars et restaurants débordent d’un surprenant brouhaha musical et rigolard. Quand tu arrives à Vichy par le train, tu as tout de suite envie de t’embarquer direct dans l’avenue qui te conduit vers le centre tellement le parvis de la gare, planté de végétation luxuriante, est beau et engageant. Et très vite tu te rends compte qu’ici on a voulu se croire de l’autre côté de la Méditerranée, quand le nez en l’air tu t’étonnes des façades pastel jalonnées de longs balcons ouvragés. Il y a des palmiers plantés dans de gros caissons en bois qui confortent ce sentiment exotique en s’épanouissant au cœur stratégique de la cité, là où toute la région se retrouve pour y faire ses emplettes le dimanche. On vit plus le dimanche à Vichy que dans n’importe quelle autre ville de France. En délaissant la cohue des boutiques, tu musardes le nez en l’air dans les rues ombragées bordées de maisons cossues. Les ouvrages de leurs devantures sont une avalanche d'opulentes cariatides et de vitraux chatoyants, pour répondre à la dentelle de fer forgé qui protège, en une longue promenade couverte d’une source à une autre, les déambulations des curistes. Vichy c’est un plongeon dans un kaléidoscope improbable de toutes les influences esthétiques charriées de leurs colonies par les illustres résidents de la Reine des Villes d’eaux, de la période Napoléon III à l’occupation. Après, bien sûr, c’est tête baissée que Vichy a pleuré longtemps sur son prestige sali.

Quand on descend à Vichy, la route devient belle à la frontière Allier. La chaîne des volcans surgit en occupant tout le fond de l’horizon, monts aux sommets ronds et rasés qui t'entraînent à aller toujours plus au sud, par delà les montagnes. C’est un panorama inédit magnifié par une franche lumière qui, au fil de la journée, en redessine inlassablement les contours. DOM d’Homme ne manque pas de me railler gentiment quand je lui lance, le nez collé au pare-brise en humant l’air de chez moi « Tu as vu, non mais tu as vu comme la lumière est belle ! Tu sens, non mais tu sens comme on respire bon !».

Je suis venue « chez moi » m’y requinquer après la tempête de la chimio, 15 jours pour profiter de ce que j’aime tant et qui me manque. J’aime « mon » Vichy que j’ai quitté il y a plus de 10 ans. Son côté coquet rassérène et on s’y sent facilement en vacances. C'est un cocon dans lequel j'aime savoir mes parents y vivre à l'abri de l'agitation survoltée du monde. Je retrouve le tranquille de la verdure et de l’eau, des vaches qui paissent impassibles à l’entrée de la ville, qu’ici la campagne est à la ville et que c’est une ville en pleine campagne. J’ai retrouvé la famille et des êtres fidèlement chéris  pour partager avec chacun d’entre eux des moments comme si on ne s’était pas quittés de la veille. C’est tellement simple ici, du nid de mes parents aux moments renouvelés de mes tribulations passées. Un petit Rami chez Sam où je me fais torcher comme une débutante, une rasade de Chateldon chez Michel à l’heure où l’on peut croiser haut le verbe et la petite phrase polémique sans effrayer ses clients, le café du matin avec mon amie Anne avant le traditionnel resto toujours sympa, pour abriter nos conversations ininterrompues qui nous entraînent au bout de l’après midi. Ça c’est pour l’immanquable rituel. Après c’est selon le temps et les opportunités offertes. En l’occurrence, j’ai retrouvé avec bonheur ma belle filleule de 20 ans et sa famille, les palettes sourdes et habitées de mon premier fiancé, les tendres et généreux amis nichés dans le parc des volcans. Puis, immanquablement, la maison familiale s’est remplie le week end avec tout ce que compte notre dynastie, hormis mon fils qui est arrivé plus tard. Tout cela est furieusement joyeux et affectueux. Enfin, DOM d’Homme et moi avons choisi de nous balader quelques jours en Ardèche. Nous adorons sillonner les petites routes si possible tortueuses et en hauteur pour surprendre la découverte d’un paysage inconnu au détour d’un virage, débusquer le troquet de pays sur la place d’un village, goûter à tout mais alors tout ce que produit le terroir que l’on arpente, bifurquer quand ça nous plaît et stopper là où cela nous enchante plus encore. Mon Homme DOM prend des photos, et moi aussi, moins. On s’est posé à Antraigues que je fréquentais assidûment il y a 15 ans et on a bullé, toujours contents de ces moments de paix conquis, et on a savouré.

Voilà. Ce sont mes pastilles de mai, récompenses récoltées de ci de là, des gommettes colorées pour orner conscienseusement mon cahier d'existence.

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Commentaires
M
j'étais toute émue de lire ton joli descriptif de notre ville, je n'avais pas mesuré que tu t'y plaisais tant ! reviens vite !!!!!!!!
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